Incident raciste au CLSC de Joliette
Jocelyne Ottawa a été victime de discrimination CSLC de Joliette.
Il reste beaucoup à faire.« - Paul-Émile Ottawa, au sujet du racisme systémique au Québec
Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a continué mardi de nier l'existence du racisme systémique dans les institutions québécoises à la suite du mauvais traitement qu'a reçu Jocelyne Ottawa, une femme de la communauté atikamekw, vendredi dernier, au Centre local de services communautaires (CLSC) de Joliette, ce qui rappelle tristement le cas de Joyce Echaquan.
Le 12 mars, Jocelyne Ottawa, une Atikamekw de 62 ans, a subi de la discrimination et a été ridiculisée par deux infirmières du CLSC de Joliette auquel elle s'était rendue pour recevoir des soins à un pied. Les employées l'ont alors appelée Joyce, lui ont demandé de chanter une chanson en atikamekw et ont consulté son téléphone portable sans son consentement.
M. Lafrenière, alors en entrevue sur les ondes de RDI, a nuancé ses propos : "Nous, ce dont on se rend compte, c'est qu'il y a des individus qui ont des propos déplacés, des individus qui peuvent être racistes, mais c'est le système qui a réagi, qui a détecté ce qui s'est passé."
Les deux infirmières ont immédiatement été suspendues sans salaire dès que l'administration a eu vent des événements, puis congédiées mardi après-midi.
"La majorité des gens donnent un excellent service, mais ce qu'on pourrait appeler des 'pommes pourrites' (sic), il va toujours y en avoir. Peu importe la formation qu'on va donner, ça peut arriver", s'est désolé Ian Lafrenière, qui a également qualifié l'incident d' "extrêmement choquant" et affirmé qu'un suivi très serré serait effectué pour déterminer les causes exactes qui auraient mené au traitement reçu par Mme Ottawa.
La sexagénaire a dit ne pas avoir porté plainte, car elle avait peur des représailles, ce qui fait craindre pour la confiance des peuples autochtones envers le système de santé québécois.
Indignation, mais ouverture
Mardi matin, le Chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Paul-Émile Ottawa, qui se trouve à être le frère de la victime, a dit ne pas être "surpris d'apprendre cette situation" et qu' "il reste beaucoup à faire", alors qu'il était invité à l'émission Tout un matin d'ICI Première.
Il s'est néanmoins dit satisfait de la gestion immédiate de l'incident de la part de la présidente-directrice générale par intérim du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière, Caroline Barbir, et qu'il était impatient de rencontrer cette dernière en personne ainsi que sa successeure désignée, Maryse Poupart.
Le Principe de Joyce toujours ignoré
Le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'Affaires autochtones, Gregory Kelley, a demandé à l'Assemblée nationale au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, si le gouvernement "était prêt à adopter le Principe de Joyce" après les événements de vendredi. Le ministre a esquivé la question. Le Parti libéral avait déjà déposé une motion sur le sujet, mais cette dernière avait été refusée.
La ministre responsable de la région de Lanaudière, Caroline Proulx, a quant à elle assuré que Mme Ottawa aurait droit à des services de soins à domicile pas plus tard que mardi.
Le Principe de Joyce en bref
Le Principe de Joyce, présenté aux gouvernements du Québec et du Canada par le Conseil des Atikamekw de Manawan et le Conseil de la Nation Atikamekw, est un mémoire visant à "garantir à tous les Autochtones un droit d'accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé, ainsi que le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle".
Ce document a été produit dans la foulée des événements découlant du traitement subi par Joyce Echaquan, décédée dans des conditions inhumaines au Centre hospitalier régional de Lanaudière en septembre 2020.