Les Forces armées canadiennes face à la crise climatique

Les changements climatiques bouleversent les Forces armées canadiennes (FAC).

Les Forces armées canadiennes face à la crise climatique
Le major-général Prévost répondait aux questions sur les enjeux entourant les FAC, mardi. (Capture d'écran : Sophie Mediavilla-Rivard)

Par Sophie Mediavilla-Rivard

Les demandes d'aide pour faire face aux catastrophes naturelles dans les provinces canadiennes ont doublé depuis 2010. Aux prises avec des manques de main-d'œuvre et de budget, l'armée doit se restructurer pour répondre présente.

Le Comité permanent de la défense nationale s'est réuni mardi pour discuter de la hausse des déploiements opérationnels domestiques et des défis qu'ils engendrent pour les FAC. Ces questionnements surviennent au lendemain de la tempête post-tropicale Fiona. Cent-cinquante soldats ont été envoyés en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve-et-Labrador et sur l'Île-du-Prince-Édouard, les trois régions touchées par la catastrophe.

" En 2021, les Forces armées canadiennes ont répondu à sept demandes d'aide liées aux catastrophes naturelles dans le pays, alors qu'entre 2017 et 2021, nous avions eu quatre appels d'aide seulement ", explique le major-général Paul Prévost.

" L'offre ne répond pas à la demande "

Justin Messi, professeur de sciences politiques à l'UQAM et co-directeur du Réseau d'analyse stratégique, souligne que les priorités des FAC sont nationales. Elles fournissent un appui aux autorités locales lorsque l'ampleur d'une situation dépasse leurs capacités de gestion, en collaborant avec les différents ordres de gouvernement.

Si l'assistance aux autorités civiles est aujourd'hui souvent liée aux catastrophes naturelles, d'autres circonstances ont exigé le déploiement domestique dans le passé, dont la crise d'Oka et la crise d'Octobre. " La différence, c'est qu'il y a plus de catastrophes naturelles actuellement, et que ce type d'intervention va continuer à augmenter ", avance Julien Messi.

Le major-général Prévost s'inquiète des problèmes de recrutement et de maintien de personnel auxquels fait face l'armée actuellement. " L'offre ne répond pas à la demande. On a un déficit de 10 000 employés ", déplore-t-il.

Une meilleure organisation civilo-militaire

" Il manque de personnel, mais aussi de budget, souligne Julien Messi. Il n'y a pas assez d'argent qui est investi dans les forces armées pour pouvoir avoir l'équipement nécessaire pour mener toutes les opérations. "

Pour pallier cette pénurie, le professeur propose d'ajouter des ressources civiles qui seraient en mesure de réagir rapidement lors de catastrophes naturelles. " Ça ne prend pas toujours des militaires armés pour évacuer les gens, il y a des policiers, des pompiers, des ambulanciers et d'autres civils qui sont capables de le faire ", mentionne-t-il. Ces brigades, dont le mandat est d'apporter une aide d'urgence avant de mobiliser l'armée, existent notamment aux États-Unis.