Evelyne Viens aspire à la Coupe du monde de soccer en juillet 2023

DOSSIER: Femmes dans les sports. Une carrière marquée par les inégalités.

Evelyne Viens aspire à la Coupe du monde de soccer en juillet 2023
Après avoir remporté l’or aux Jeux olympiques, Evelyne Viens et son équipe ont sillonné le Canada pour rencontrer leurs partisans. Photo Instagram Evelyne Viens

De Québec à la Suède, en passant par les États-Unis et la France, Evelyne Viens, une joueuse de soccer professionnelle prolifique, souhaite une meilleure visibilité médiatique pour les sportives.

Aujourd’hui, Evelyne évolue en Suède dans une ligue professionnelle et veut participer à la prochaine Coupe du monde de soccer, qui aura lieu cet été du 20 juillet au 20 août, avec l’équipe canadienne.

Pour sa première performance avec l’équipe nationale en 2021, Mme Viens a participé au tournoi américain SheBelieves Cup, où la formation a terminé au troisième rang.

Un manque de visibilité

Mme Viens avance que les deux plus grandes difficultés reliées au sport féminin sont l’accessibilité aux ligues majeures et la visibilité, en excluant le salaire. Le sport féminin est beaucoup moins présent à l’écran que le sport masculin. « Au Québec, c’est très hockey, c’est très masculin. Les médias ne parlent pas de la Coupe du monde de Soccer qui s’en vient cet été », soutient-elle. Le public ne sait pas que les femmes jouent en Europe, plutôt qu’au Canada.

Les inégalités apparaissent aussi quand l’on compare les horaires des entraînements. Elle raconte que, lorsqu’elle a joué en France, « l’équipe avait davantage de joueuses au statut plus amateur, donc on devait s’entraîner plus tard en soirée. [Les] hommes,  étaient tous des professionnels, donc ils pouvaient s’entraîner dans la journée, même si c’était une division 2». Les hommes ont plus de privilèges, peu importe leur niveau.

La joueuse de 26 ans est originaire de L’Ancienne-Lorette dans l’agglomération de Québec. En 2021, elle a remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques de Tokyo avec l’équipe canadienne.

Elle a fait ses débuts dans le monde du soccer au Québec. L’athlète a commencé dans l’équipe du cégep Garneau, à Québec, pour ensuite faire son entrée aux États-Unis dans les rangs de l’Université South Florida.

«À mes débuts, le salaire moyen d’un jour de la Major League Soccer (MLS) était de 60 000 $ et, pour une femme du Championnat des États-Unis de football féminin (NWSL), c’était 20 000 $», détaille Mme Viens. Le salaire est un enjeu de taille dans le monde du sport : les femmes gagnent, en général, beaucoup moins d’argent que les hommes. Pour mettre en contexte, le CF Montréal fait partie de la Major League Soccer. Aujourd’hui, le salaire le plus bas d’un joueur du CF Montréal est de 68 000$.

L’athlète aimerait que le public soit plus informé lors des performances des femmes. Selon elle, le public entend seulement parler des joueuses de soccer une fois tous les quatre ans, à l’occasion des Jeux olympiques.

Une ligue professionnelle attendue

Depuis leur succès aux Olympiques de Tokyo, les athlètes féminines attendent l’arrivée d’une ligue professionnelle au Canada. Les hommes eux ont la « Première ligue canadienne » depuis 2017. Diana Matheson, une vétérante de l’équipe nationale du Canada, a pris le projet en main et a annoncé que la ligue devrait prendre son envol à l’été 2025. «Si on veut voir l’équipe nationale performer, il faut qu’il y ait une ligue professionnelle. Il faut que les joueuses puissent se développer dans un niveau professionnel», souligne Mme Viens.

Elle pense qu’il sera important que les investisseurs soient au rendez-vous, lors des premières années de la ligue, qui seront charnières pour garantir leur pérennité.

La joueuse nationale a ajouté : «si le Canada n’embarque pas dans le train, ses athlètes ne pourront pas performer».