Réparer ou racheter ses électroménagers?

« Le réflexe de réparation se perd », a martelé Amélie Côté, co-autrice de la première étude pancanadienne sur l'accès à la réparation d'appareils électroménagers et électroniques, dévoilée mardi par Équiterre. 

Réparer ou racheter ses électroménagers?
Maison du développement durable à Montréal. (Britanie Sullivan, L'Atelier)

Par Britanie Sullivan

C'est au cœur de la Maison du développement durable à Montréal qu'Équiterre a invité le public au dévoilement des nombreuses données recueillies dans le cadre d'une première étude pancanadienne sur l'accès à la réparation d'appareils électroménagers et électroniques.

Parmi les nombreux chiffres mis en lumière, il a été déclaré que les Canadiens vivent au moins un bris sur un appareil électroménager ou électronique au cours de la deuxième année faisant suite à l'achat. « Seulement 19% des gens qui ont rencontré un bris ont choisi la réparation. C'est une diminution par rapport à ce qui a été observé en 2018 dans une étude sur l'obsolescence [menée par Équiterre] », compare Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez cet organisme.

Cette dernière a d'ailleurs rappelé à tous l'époque où les réfrigérateurs pouvaient parfois être encore en fonction après plus de 50 ans d'utilisation…

Des freins à la réparation

Trois personnes sur cinq ayant vécu au moins un bris sur un appareil électroménager ou électronique n'ont pas envisagé la réparation.

« Le principal frein à la réparation est la perception que les appareils sont irréparables. Nous ne savons plus vraiment comment ils fonctionnent », note l'analyste chez Équiterre. Cette dernière ajoute que plusieurs informations quant à la possibilité de réparation d'appareils électroménagers et électroniques ne sont pas transmises aux consommateurs lors de l'achat. Il a, par ce fait même, un renforcement de cette idée que ces objets seraient destinés à dépérir.

Pour Annick Girard, consultante en environnement, le manque d'information sur la réparabilité et l'entretien des appareils fait aussi en sorte que « les gens ne choisissent pas toujours le bon appareil ».

Du côté des réparateurs, la réparation peut également être difficile. Les appareils peuvent être offerts dans des modèles qui changent constamment. Cela rend non seulement l'accès à certaines pièces de rechange plus difficile puisqu'elles sont considérées comme moins récentes, mais le savoir-faire doit aussi constamment être adapté aux différents biens. Ce dernier peut donc être parfois difficile à trouver.

Rendre plus accessible

Des solutions, autres qu'un plus grand accès à l'information, existent afin de rendre plus accessible la réparation. Parmi elles, des réparations dans des délais raisonnables, des coûts moins élevés ainsi qu'un accès facile aux outils et aux pièces. Ces dernières solutions permettent également de favoriser encore plus l'autoréparation qui peut être une solution à la réparation professionnelle.

Malgré tout, ce sont surtout vers des professionnels que les consommateurs se tournent lorsqu'ils ont recours à la réparation, souligne Hélène Gervais, agente de développement industriel chez RECYC-QUÉBEC.

Par ailleurs, celle-ci ajoute qu'il est recommandé de « favoriser l'achat d'appareils durables et réparables. D'éviter les gadgets inutiles. De se demander si nous avons vraiment besoin de certains appareils et si nous avons vraiment besoin d'acheter neuf. »

Dans tous les cas, diverses motivations amènent les consommateurs à la réparation, si un jour il y a. « En premier lieu, il y a les motivations écologiques qui visent à prolonger la durée de vie des appareils afin de réduire la consommation. En deuxième position, il y a les raisons économiques. Dans plusieurs cas, réparer est bon pour le portefeuille. Il y a aussi les motivations d'accomplissement personnel [à réparer un appareil]. »

« Ce qui est important à retenir, c'est qu'il n'y a aucune solution qui ressort plus qu'une autre. Il y aurait un ensemble de mesures à mettre en place. Il y a beaucoup de changement à apporter au système actuel pour favoriser la réparation », conclut Annick Girard.