Outiller les entreprises pour combattre la violence conjugale

Isabelle Charest, la ministre de la Condition féminine a annoncé mardi en conférence de presse la mise en place d'un programme visant à créer " des environnements de travail accueillants et bienveillants pour les victimes " en collaboration avec le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violences conjugales (RMFVVC).
Selon la porte-parole du Regroupement, Arina Grigorescu, la violence conjugale au travail peut prendre plusieurs formes. " On parle de harcèlement par textos et appels téléphoniques, certains conjoints peuvent aller jusqu'à se présenter sur le lieu de travail pour surveiller la victime ", explique Mme Grigorescu.
Les employeurs pourront désormais inscrire leurs entreprises au programme Milieu de travail allié contre la violence conjugale. Ce programme offre une trousse d'outils et des formations pour conseiller les entrepreneurs dans la mise en place de milieux de travail sécuritaires pour les employés victimes de violence domestique. " On offre des formations pour que les employeurs et les collègues soient capables de reconnaître les signes avant-coureurs afin de prêter main forte avant que l'irréparable soit commis ", déplore la porte-parole.
Elle rappelle que l'année passée, 19 féminicides ont été commis dans la province. Pour pallier cette crise, le gouvernement a adopté en septembre dernier le projet de loi 59 obligeant les employeurs à venir en aide aux travailleurs subissant ce type de violence.
Les entreprises manquent d'expertise
Haylee Keo, artiste en design graphique, raconte que son employeur n'était pas outillé pour lui venir en aide. " Je me suis présentée aux ressources humaines, mais la personne désignée n'a pas été en mesure de m'offrir l'aide nécessaire pour m'accompagner tout au long de mes démarches ", confie celle qui travaillait à l'époque dans une boîte de design.
" Je me suis sentie seule, et pas du tout écoutée. On remettait en question mon témoignage ", explique madame Keo. L'artiste a dû quitter son emploi et travaille maintenant à son compte. Elle se réjouit de l'initiative du RMFVVC et espère que les victimes auront accès à plus de ressources au travail pour leur venir en aide.
Parmi les outils fournis figure un guide de pratique et politique à adopter par les employeurs. Il y est notamment conseillé de mettre en place des congés payés, de réduire au maximum les heures de télétravail et de désigner une personne responsable d'accompagner physiquement et psychologiquement les employés qui vivent ce type de violence, parfois même, jusqu'à les aider à déménager.
" Pour les victimes de violence conjugale, le travail est généralement le dernier bastion de liberté ", explique Chantale Arsenault, la présidente du RMFVVC. " Si toutes les ressources sont mises de l'avant, je crois fermement qu'il est possible d'enrayer ce fléau qu'est la violence conjugale ".