Élections municipales : pour qui voteraient les mineurs ?

Simulations de vote, absence des 18-25ans dans les bureaux lors des élections, droit de vote à 16 ans... où se situent les jeunes lors des municipales?

Élections municipales : pour qui voteraient les mineurs ?
Le changement climatique est un enjeu qui inquiète particulièrement les jeunes. Crédit photo : Mahé Çayuela

Comme leurs parents, les jeunes, qui se sont prêtés à une simulations de vote, ont élu Valérie Plante pour diriger la ville de Montréal.

Grâce à la simulation À toi de voter ! organisée par Élections Montréal, plus de 200 jeunes de 12 à 17 ans se sont mis dans la peau d’un adulte afin d’élire leur maire ou leur mairesse. Les résultats sont plutôt proches de la réalité : 46,3 % d’entre eux ont choisi Valérie Plante, 29,8 % Denis Coderre et 7,8 % Balarama Holness.

Ils étaient près d’un sur cinq (19,5 %) à estimer que la transition écologique était l’enjeu le plus important à traiter. Et à peine moins (18 %) à considérer l’accès au logement abordable comme priorité, a révélé le communiqué de presse d’Élection Montréal publié le 12 novembre.

Des simulations de votes ont également été offertes dans des écoles primaires et secondaires via le programme Électeurs en herbe en collaboration avec Élections Québec. Au total, plus de 450 écoles et organismes se sont inscrits au projet dans le but de faire participer plus de 54 000 jeunes de toute la province.

À Montréal, Valérie Plante a de nouveau été élue, avec près de 55 % des voix. Avec 21,28 %, Denis Coderre a eu encore moins de succès qu’à la simulation À toi de voter ! Balarama Holness a réussi à passer la barre des 10 % avec 11,97 % de votes.

Le Petit bureau de vote virtuel orchestré par Élections Québec a permis à 620 enfants de 6 à 11 ans de s’impliquer également. Ils ont ainsi pu déterminer quelle qualité doit posséder une mairesse ou un maire et aussi quel domaine d’activités les touche le plus. Près de 40 % d’entre eux ont estimé que leur élu devait en premier lieu être « à l’écoute des gens et de leurs idées ».

Résultats du sondage « Selon toi, quelle est la qualité la plus importante d’une mairesse ou d’un maire ? » 


Sans grande surprise, ce sont les parcs, les modules de jeux et les espaces publics qui ont remporté le domaine d’activités le plus populaire avec 30,37 % des voix.

Comparaison entre les votes des jeunes de À toi de voter !, Électeurs en herbe et des adultes

Tandis que 38,7 % des adultes seulement se sont rendus aux urnes, 63 % des jeunes ayant participé à À toi de voter ! ont répondu vouloir répondre à leur devoir de citoyen quand ils seront majeurs.

Un enjeu de taille

L’engagement civique est un enjeu majeur pour les partis politiques. En baisse depuis plusieurs années, il démontre un désintérêt de la population pour les décisions prises localement.

Taux de participation national aux élections générales municipales de 2005 à 2021


Selon la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation Andrée Laforest, cette baisse drastique n’est pas sans lien avec les élections fédérales. En entrevue à l’émission Tout un matin, elle expliquait : « on a eu des élections fédérales et, tout de suite après, les municipales. Possiblement, c’était trop rapproché, les deux élections. Si on se réfère à 2008, ça a été la même situation. »

D’ici les prochaines élections municipales, en 2025, de nombreux de jeunes ayant participé à des simulations seront en âge de voter. Ces futurs électeurs sont une cible clé pour les candidats.

Actuellement, les jeunes adultes sont la catégorie de population qui vote le moins. En 2017 lors des dernières élections, tandis que 42,5 % des Québécois et Québécoises avaient voté, moins d’un jeune entre 18 et 25 ans sur quatre (24,6 %) s’en était donné la peine.

Convaincre cette tranche de la population à s’intéresser à la politique est un investissement à long terme pour les partis qui espèrent bien la fidéliser afin qu’elle vote tout au long de sa vie.

Pour la ministre, la participation des jeunes pourrait augmenter avec le vote électronique. « En 2025, il y a plus de jeunes qui vont s’intéresser à la politique municipale, affirme-t-elle. Le vote électronique serait peut-être la solution. Il faut innover et s’ajuster. »

Voter à 16 ans

Certains envisageant d’aller plus loin et de modifier la législation afin de permettre aux jeunes de voter à partir de 16 ans. C’est le cas de la nouvelle mairesse de Longueuil, Catherine Fournier. Avant son élection, la députée de la circonscription de Marie-Victorin avait déposé une proposition de loi visant à permettre aux 170 000 personnes âgées de 16 ou 17 ans au Québec de voter.

En plus d'inclure les jeunes de 16 et 17ans, Çatherine Fournier souhaitait mobiliser les étudiants

À lire : Que pensent les enfants du droit de vote à 16 ans ? par Squat

« C’est une idée qui a été évoquée au Québec dans le passé, mais sans qu’on ait un réel débat. D’ailleurs, il n’y a jamais eu concrètement de projet de loi », souligne-t-elle en entrevue avec 24 heures.

Saugrenue pour la plupart des Québécois, l’idée d’abaisser l’âge légal pour voter est pourtant une réalité dans certains pays comme le Brésil, l’Autriche ou Malte.

Avec une plus grande préoccupation pour l’écologie ou les enjeux sociaux, que ce soit en simulation, à 16 ou à 18 ans, le vote des jeunes est crucial et pourrait profondément renverser l’échiquier politique.