Élections fédérales 2021 : les électeurs sont-ils vraiment renseignés?

Au lendemain des élections fédérales de 2021, j’ai pris la décision d’aller vérifier les connaissances politiques de la population générale. À mon plus grand étonnement, plusieurs personnes ont accepté de participer à mon vox-pop, chose qui peut paraître plutôt intimidante. J’ai eu droit à une multitude de bonnes réponses, mais comme nous le savons tous, les connaissances politiques de certains et certaines laissent à désirer et cela mène à des réponses inimaginables. C’est ce dernier point qui m’a porté à l’esprit la réflexion suivante : est-il vraiment légitime d’offrir un vote à tous ceux remplissant les conditions actuelles donnant le droit de voter?
Suite aux réponses récoltées au cours du vox-pop, je suis allé à la rencontre de Pier-Olivier D’Astous, étudiant en sciences politique à l’UQÀM, ainsi qu’à celle de Jérémy Fournier, candidat du NPD dans la circonscription de Saint-Jean, pour obtenir une réflexion plus approfondie à mon questionnement. Bien évidemment, ils avaient tous les deux des opinions plutôt tranchées sur le sujet, ce qui a mené à une réflexion approfondie sur les habitudes de vote de la population ainsi que sur l’influence pouvant jouer sur les choix de vote également. Pour voir leurs opinions, le lien menant vers le reportage se trouve ci-bas.
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Des réponses inattendues
Les réponses obtenues au cours du vox-pop ont été aussi surprenantes qu’inquiétantes. Plusieurs personnes étaient en mesure de nommer cinq partis politiques du Canada, quelques chefs de parti, la gouverneure générale du pays et le parti principal formant l’opposition, mais d’autres n' avaient absolument aucune idée ou bien fournissaient de fausses réponses. Clairement, vous ne saviez pas que le parti de l’union nationale existe toujours en 2021, que notre ministre fédéral de la santé est François Legault ou même que Christian Dubé n’est pas ministre provincial et qu’Erin O’Toole n’est pas le chef du Parti conservateur. Le sarcasme étant bien présent sur les dernières lignes, il est évident que ces participants possèdent une connaissance affaiblie de la politique. Toutefois, ils possèdent tout autant le droit de vote que quiconque. Une question se pose, n’est-il pas inquiétant de laisser un si fort pouvoir décisionnel à une personne qui n’est aucunement (ou presque) renseignée sur le sujet?
L’avis des experts
Questionné sur la réalité s’étant exposé dans le vox-pop, Pier-Olivier D'Astous croit que la sagesse d’une personne joue un grand rôle dans ses choix électoraux. Malgré le fait que certaines personnes ont de très faibles connaissances, il croit qu’elles peuvent apporter un aspect fort intéressant s’expliquant par une théorie bien simple. La plupart des électeurs qui ont une bonne connaissance du sujet vont souvent être perdus dans leurs idées et leurs réflexions, alors qu’une personne qui pourrait être moins intéressée aurait tendance à suivre son instinct premier et à faire son choix ainsi. Il souligne toutefois que dans notre société, il devrait être plus facile de se renseigner sur la politique puisque celle-ci est souvent réservée à une certaine élite... Pier-Olivier admet également que cette situation est quelque peu inquiétante, mais qu’au final, il ne voit aucune autre façon d’organiser notre démocratie en 2021 puisque tout le monde se doit d’avoir les mêmes droits.
De son côté, Jérémy Fournier, candidat du NPD dans la circonscription de Saint-Jean, croit qu’il n’est pas nécessairement de la faute de la population si elle est moins bien renseignée, mais accuse plutôt le modèle de la société d’aujourd’hui qui ne laisse pas de place pour que les gens puissent s’éduquer adéquatement. Il souligne d’ailleurs qu’on ne peut pas en vouloir aux personnes qui sont moins connaissant de la politique puisqu’il s’agit d’un problème qui perdure depuis plus de 150 ans.
Bref, on peut reconnaître que messieurs D’Astous et Fournier ne semblent pas trop inquiets de la légère problématique au niveau des connaissances politiques de la population. Ils semblent d’ailleurs plutôt optimistes et considèrent même cela comme étant tout à fait normal.
Qu’en est-il de la façon de voter de la population?
Questionné sur le fait que plusieurs voteraient en fonction de l’apparence des candidats plutôt qu’en fonction de leurs idées, Jérémy a avoué que dans 90% des cas, les gens votent en fonction du parti et de son chef, alors que les candidats influencent environ 10% de la décision de l’électeur. Il en conclut donc que l’image du chef de parti représente une très grande part du choix de l’électeur pour son vote. Aussi interrogé sur le sujet, Pier-Olivier en vient à la même conclusion que Jérémy, mais ajoute que les gens suivent le déroulement de la campagne et que celle-ci peut également influencer leur choix.
Les médias ont-ils une influence sur les électeurs?
Selon Jérémy, les médias ont une très grande influence au cours des campagnes électorales puisqu’ils ont le plein contrôle de l’information qui est transmise. Il souligne d’ailleurs l’absence de Mme Annamie Paul au débat des chefs francophones de TVA. À son tour, pour expliquer le fait que les médias ont une influence sur les électeurs, Pier-Olivier a pris soin de rappeler la grande importance qu’a eue la fameuse question jugée déplacée qui a été lancée à Yves-François Blanchet au cours du débat des chefs anglophones. Il mentionne qu’elle aura grandement aidé le Bloc québécois au final, alors que sans l’importance qui a été accordée à cette question dans les médias, il pourrait être possible que le parti de M. Blanchet possède moins de sièges à la Chambre des communes.
Une situation qui porte à réfléchir
Après avoir répondu à tous ces questionnements ainsi que d’avoir entendu les réponses des différents électeurs, il pourrait être intéressant de remettre en question notre système politique et ce, sous plusieurs aspects. Dans la dernière année, la société a porté une attention particulière aux décisions prises par les gouvernements, mais malgré cela, certains demeurent distants et n’ont toujours aucun intérêt pour la politique. Ce simple fait mène notre esprit sur une longue réflexion au sujet du modèle politique actuel présent dans la société.