Élections américaines: le vote par anticipation se gâte

Des problèmes techniques rendent la tâche difficile aux électeurs de certains États clés et le sénateur Mitt Romney attaque le président Trump. 

Élections américaines: le vote par anticipation se gâte

Les électeurs américains ont connu une journée mouvementée, mardi, alors que des difficultés techniques ont eu raison du site d'enregistrement des électeurs de Virginie au matin de la date limite pour s'inscrire au scrutin et que le sénateur républicain Mitt Romney, ex-candidat présidentiel, a partagé un message accusateur sur Twitter.

Un fil de fibre optique coupé est à l'origine de la fermeture du portail d'enregistrement électoral virginien, selon l'Agence d'information technologique de la Virginie. Le gouverneur de l'État, Ralph Northam, a annoncé entreprendre des démarches pour repousser la date limite d'enregistrement.

Un autre obstacle attendait les électeurs du Texas cette fois, lors de la journée de l'ouverture des bureaux de vote par anticipation: l'attente. Après une matinée compliquée dans le comté de Fort Bend, près de Houston, victime de problèmes électroniques, une forte affluence a mené à des ralentissements un peu partout dans l'État de l'étoile solitaire.

« Il y a beaucoup de problèmes dans les bureaux de vote par anticipation, surtout dans les États du sud où on a eu du découpage de circonscriptions par le Parti républicain dans les dernières années », souligne David Dubé, chercheur en résidence à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, spécialisée en politique américaine. Les tentatives du président Trump pour empêcher le vote des personnes afro-américaines prennent plusieurs formes, selon le chercheur: redécoupage géographique des comtés électoraux, suppression de bureaux de vote dans des endroits stratégiques et campagne de peur contre le vote par voie postale.

« Le président Trump sait que ce sont les démocrates qui vont sortir (voter par la poste) », explique M. Dubé. De son côté, le président sortant martèle à ses partisans de participer au scrutin en personne, le 3 novembre, malgré la pandémie.

Malgré une avance marquée dans les sondages à l'échelle nationale - qui tourne autour de 10%, mais qui va de 7% à 14% en prenant en compte la marge d'erreur - David Dubé affirme qu'il est trop tôt pour déclarer Joe Biden vainqueur. Dans plusieurs États, cette avance se joue sur quelques maigres points de différence seulement avec Donald Trump.

Regarder « l'Amérique avec une horreur abjecte »

Dans un message qui se veut dénonciateur pour les dirigeants des deux partis, le sénateur de l'Utah Mitt Romney marque une fois de plus son opposition au président Trump. L'ex-candidat à la présidentielle de 2012 déplore la pente dangereuse que prend la politique américaine, qu'il qualifie de « marécage vil, vitupératif et plein de haine. »

« Les États-Unis sont plus polarisés que jamais et même si le président est pointé du doigt avec raison pour cette division, les démocrates n'aident pas non plus avec leur rhétorique », résume Valérie Beaudoin, chercheuse associée à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand.

Pour cette spécialiste, il n'est pas exclu que Mitt Romney aille « joindre les rangs des républicains qui ont ouvertement fait le choix de voter démocrate cette année » . Elle rappelle cependant qu'en 2016, le sénateur avait plutôt choisi d'annuler son vote.

Mitt Romney, qui était sorti des rangs de son parti pour voter en faveur de la destitution de Trump, en février dernier, reste sans équivoque quant à son opinion sur ce dernier: « En lui tenant tête aussi régulièrement et aussi fortement (...) il n'incite pas les électeurs à réélire le président en 2020 », analyse Valérie Beaudoin.

Reste à voir si son appel à « calmer le ton » aura un effet sur les deux candidats à la Maison-Blanche.

À surveiller:

  • Les audiences concernant la nomination de la juge Amy Coney Barrett à la Cour suprême, qui ont débuté ce lundi 12 octobre, se poursuivront au cours des prochains jours. Le vote du Sénat devrait avoir lieu à la fin du mois d'octobre.
  • À défaut d'un deuxième débat présidentiel, l'ex-vice-président Joe Biden répondra à des questions télévisées, le jeudi 15 octobre, sur la chaîne ABC.
  • Le dernier débat opposant les deux candidats à la présidence aura lieu le 22 octobre.