Égaux dans la vie, pas dans le sport

DOSSIER: Femmes dans les sports. La discrimination genrée est fondée sur des justifications que la science n’a pas encore clairement établies.

Égaux  dans la vie, pas dans  le sport
Certains biologistes remettent en question la ségrégation des genres et des sexes dans le sport. Source : Anupam Mahapatra, Unsplash

Est-il vraiment nécessaire de séparer les personnes selon leur genre dans les compétitions sportives ?

D’après Guillaume Arpin, kinésiologue à la clinique montréalaise Action Sport Physio, la réponse à cette question est « ça dépend ». Il explique qu’en règle générale, dans les sports qui se basent sur le talent plutôt que sur la force brute, les différences entre les hommes et les femmes sont moins grandes qu’on pourrait le penser. « D’un point de vue biologique, les sports basés sur la force, la vitesse ou la puissance peuvent avantager les hommes par rapport aux femmes », dit-il. Cependant, il ajoute que c’est une généralité et qu’il n’y a pas de recherches qui prouvent hors de tous doutes que les hommes sont toujours plus forts que les femmes.

Cette séparation genrée est souvent justifiée par des arguments pseudo-scientifiques, dit-il. On évoque la différence de taille, la longueur des membres et, surtout, la production de la testostérone.

Tests de féminité

Pour s’assurer que les athlètes féminines sont bien des femmes, on invente en 1966 le test de féminité. D’après Anaïs Bohuon, professeure de sociologie et d’histoire du sport à l’université de Paris Saclay, dans un article publié dans le journal scientifique Nouvelles questions féministes, cette pratique révèle que les femmes sont traitées différemment des hommes dans le monde du sport, car aucun homme n’a jamais été soumis à un test de masculinité.

Ce test de féminité a évolué depuis cette époque. D’un simple examen visuel, il consiste aujourd’hui à faire une prise de sang aux athlètes pour mesurer leur taux de testostérone.

La testostérone

D’après l’Association des médecins endocrinologues du Québec, la testostérone est l’hormone sexuelle mâle la plus importante. Elle contribue aux changements physiques chez les garçons à l’adolescence, et est nécessaire pour les fonctions reproductrices mâles. C’est également elle qui est responsable du développement des muscles et des os.

Pour les femmes, la testostérone est produite en majorité par la transformation de certaines substances par le foie et le tissu adipeux, elle est toutefois beaucoup moins présente que chez les hommes. Elle sert, entre autres, à protéger les muscles en réduisant le mauvais cholestérol.

Deux catégories étanches

Certains biologistes remettent en question la ségrégation des genres et des sexes, dont Anne Fausto-Sterling, professeure émérite de biologie et d’études sur le genre à la Brown University. Elle postule dans son article de 1993 “The Five Sexes”, publié dans la revue The Sciences que le sexe biologique n’est pas aussi clairement défini qu’on pourrait le croire.

D’après Statistique Canada, environ 0,33 % des Canadiens ne s’identifient pas aux catégories binaires hommes/femmes. Parmi les 99,7 % qui s’y identifient, il existe de grandes différences physiques entre les individus d’un même genre.

Dans le monde du sport, il y a certes les déterminants physiques, mais aussi les déterminants sociologiques qui peuvent expliquer la différence de performance entre les hommes et les femmes.

Guillaume Arpin précise que c’est avant tout la tradition qui demande que l’on sépare les athlètes dans ces deux catégories : « Il n’y a rien au niveau physique qui justifie cette séparation dans les sports comme l’équitation, ou le tennis.»

Couverture télévisuelle du sport (en pourcentages). Source Femmes et sport Canada (2014). Infographie par Valérie Caya