Désengagement policier : des agents passifs

Désengagement policier : des agents passifs
Laurent Corbeil / L'Atelier

Une étude menée par le Centre de recherche et de développement stratégique de l’École nationale de police du Québec (ENPQ) confirme que le désengagement policier existe bel et bien dans la province.

Ne pas intervenir par peur de représailles ne serait pas inconnu aux 21 participants sélectionnés aléatoirement parmi les 186 policiers québécois intéressés. " À ce stade-ci, c’est difficile de dire que la situation est préoccupante, mais les résultats sont intéressants, " précise Marc Desaulniers, directeur de la recherche, de l’expertise et de la pédagogie à l’ENPQ.

" Faire le strict minimum "

Démotivation, découragement et indifférence : ce sont les mots des participants pour décrire leur état d’esprit, révèle l’étude de l’ENPQ. " Ces états d’esprit se traduiraient par une baisse des efforts et de l’implication au travail. L’hésitation à intervenir mène parfois à une absence d’intervention ", ajoute Camille Faubert, chercheuse au Centre de recherche et de développement stratégique de l’ENPQ, lors d’une conférence de presse. Sur les 21 participants rencontrés, 8 admettent avoir déjà adopté des comportements désengageants et 16 en auraient été témoins via les réseaux sociaux ou dans leurs équipes de travail. Si les conclusions préliminaires en confirment l’existence, " nous n’avons pas encore des études probantes pouvant nous permettre d’affirmer la présence d’un désengagement policier massif ou systématique ", indique la criminologue Maria Mourani.

Méconnaissance systémique

La crainte de représailles arrive en tête des causes du désengagement policier recensées. La peur d’être poursuivi en cour, d’être filmé ou d’être accusé de profilage racial ou de racisme est telle que certains policiers disent se contenter de répondre aux appels 911. Le manque de soutien organisationnel encouragerait également le désengagement pour 18 des 21 personnes sondées. S’ajoutent le sensationnalisme médiatique, et la méconnaissance du public face au travail du corps policier.