Des retraités se la coulent trop douce

Le contexte des vacances encourage les snowbirds à boire

Isolement, ennui, deuil, bilan de vie difficile, vacances au soleil: de multiples raisons expliquent la surconsommation d’alcool chez les retraités. Cette échappatoire qui semble être une solution « intéressante » pour plusieurs d’entre eux amène aussi son lot de problèmes psychologiques et physiques.

Denis*, un retraité de 60 ans, passe six mois par an en Floride. Durant ses vacances, il s’offre quelques consommations chaque jour. Lors d’occasions spéciales, il boit au moins une bouteille de vin à lui seul.

La psychologue et conférencière Katia Bissonnette explique que le mésusage d’alcool chez les retraités est souvent dû au fait que « les gens ont travaillé toute leur vie, à un rythme de vie élevé, et, du jour au lendemain, ils se retrouvent face à eux-mêmes, seuls, et peuvent trouver cela difficile ».

Ce phénomène se voit dans le mode de vie de Denis. La pandémie, arrivée en même temps que sa retraite, a accentué sa prise d’alcool. Par ennui, il prenait plusieurs verres seul quotidiennement et ses habitudes sont restées depuis.

Pour Linda Duckett, directrice générale d’une résidence pour personnes âgées autonomes, l’enivrement des retraités de la résidence est présent. « À ma grande surprise, je ne le remarquais pas avant, mais certaines personnes âgées consomment beaucoup d’alcool. [...] On remarque qu’il y a beaucoup de “jetage de bouteilles” de boisson dans les chutes à déchets, donc certains consomment quand ils sont seuls dans leurs appartements», explique-t-elle.

Des effets nocifs

Valérie Aubut, étudiante au doctorat en psychoéducation, explique qu’à un âge plus avancé, notre métabolisme prend plus de temps à digérer l’alcool. La surconsommation peut notamment les mener au diabète et à la cirrhose.

Selon Mme Bissonnette, « l’alcool crée aussi un ralentissement des activités cérébrales, donc si quelqu’un en boit trop, ça se peut qu’il développe une démence 10 fois plus tôt [qu’une personne qui a une santé mentale équivalente et qui ne consomme pas d’alcool] ».

Conscient des effets nocifs qu’il constate en raison de ses nombreux lendemains de veille et de ses pertes de mémoire, Denis essaie de diminuer sa consommation, mais ne compte pas la cesser de sitôt. « Je vais arrêter de boire quand je vais mourir ! », lance-t-il.

*Nom fictif afin de préserver l’anonymat