Des questionnements jaillissent chez les Arméniens
Un cessez-le-feu dans Haut-Karabagh

Alors que les conflits ardents qui faisaient rage entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan viennent tout juste de se conclure par la signature d'un accord de fin des hostilités (cessez-le-feu) sous l'égide de la Russie, le peuple Arménien demande des comptes à son Premier ministre, Nikol Pachinian.
La conclusion de ces hostilités a été qualifiée d'"échec militaire" face à l'ennemi historique azerbaïdjanais. Dès lors, les Arméniens manifestent encore pour faire résonner leur rage vis-à-vis de ce que le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, appelle "capitulation".
"Traitre" et "démission" étaient des mots que l'on pouvait entendre de la bouche des arméniens qui, par centaine, avaient pris d'assaut le siège du gouvernement et du Parlement, dans la nuit de lundi à mardi.
Quel avenir pour la région?
Les questionnements se font maintenant nombreux à la suite de ce traumatisme national et l'Arménie semble sombrer dans une crise politique sans lendemain, dont les contrecoups et les conclusions demeurent, pour l'heure, imprédictibles. "Les plus grandes questions qui demeurent, sont : quel sera le statut de Haut-Karabagh, maintenant? Est-ce que ce sera seulement une province? Est-ce qu'ils vont avoir une sorte de colonie culturelle?", réfléchit Levon Sevunts, journaliste au service international anglophone de Radio-Canada et d'origine arménienne.
"Le racisme, il est institutionnalisé et profond au sein de l'état et de la société azéris, explique Alexandre Meterissian, directeur exécutif à la boîte de conseil international chez Teneo. Par exemple, moi, je suis citoyen canadien, mais j'ai un nom de famille arménien, par conséquent, je ne pourrai pas entrer en Azerbaïdjan à cause de ça." Avoir ces deux peuples sous un même toit et vivant en harmonie était, selon M. Meterissian, impossible.
Avec les 100 000 arméniens réfugiés, est-ce réaliste de penser qu'ils peuvent réintégrer les terres que constitue le Haut-Karabagh, aussi appelé Nagorny-Karabagh? Ce dernier n'y croit pas, car les chances sont minces que l'Azerbaïdjan accepte que les quelques 2000 soldats pacifistes de l'armée russe renouvellent leur contrat de protection.
Depuis septembre dernier, le reste du monde a été témoin des combats les plus meurtriers des trente dernières années entre les deux pays. D'un côté, les séparatistes du Haut-Karabagh, soutenus par l'Arménie, de l'autre, les troupes de l'armée azerbaïdjanaise.