Des organisations féministes implorent au gouvernement une relance économique inclusive
Le Groupe des 13 (G13) a émis des revendications sociales et économiques qui contribueraient à une relance économique féministe et inclusive en vue de l'après-pandémie.
La pandémie de la COVID-19 a mis en lumière beaucoup d'inégalités sociales affectant les femmes; le Groupe des 13 a notamment revendiqué du financement récurrent pour les organisations communautaires sur le terrain et l'application de l'analyse différenciée selon les sexes dans les documents gouvernementaux, mardi matin qui permettront une relance économique inclusive.
Le G13, qui englobe 20 groupes et regroupements provinciaux féministes, s'est indigné devant les bureaux de François Legault, en dénonçant l'invisibilité et l'invisibilisation systémique des femmes et de leur travail, et ce, peu importe le secteur.
La revendication principale du groupe des 13 est d'obtenir une relance économique féministe et inclusive post-COVID. " On veut s'assurer que les investissements qui vont être faits, vont être faits pour les femmes, mais surtout pour les femmes les plus marginalisées ", a indiqué la co-porte-parole du G13 et directrice des opérations à DAWN Canada, Karine-Myrgianie Jean-François.
Le travail des femmes toujours sous-représenté au Québec
La pandémie de la COVID-19 a permis d'exposer les conditions des travailleuses et travailleurs du système de santé québécois. Pour Yasmina Drissi, la coordonnatrice des dossiers politiques au Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail et co-porte-parole du G13, l'invisibilité systémique des femmes se traduit par la non-reconnaissance du travail des femmes et de sa valeur en société.
Dans le contexte de la pandémie, cette réalité a été exacerbée, selon Drissi. Elle dénonçait, d'ailleurs, que " Les préposés dans les CHSLD ont toujours été des femmes, mais [qu'] avant la pandémie, elles n'étaient pas considérées comme des anges gardiens, [mais que depuis lors] on leur reconnaît ce statut d'ange gardien ". Selon elle, les remerciements ne sont pas suffisants; il faudrait, notamment, opter pour une " restructuration de leurs conditions de travail " pour qu'elles soient valorisées.
En date du 30 mars 2019, on recensait 82% de femmes préposées aux bénéficiaires parmi les 41 563 personnes occupant ce poste au Québec. Pour l'année 2018-2019, les préposés aux bénéficiaires ont travaillé 49 703 442 d'heures au total, ce qui comprenait environ 3,3 millions d'heures supplémentaires (3 228 179).
l'analyse différenciée selon les sexes
Mais le problème ne s'arrête pas là. Pour que la relance économique soit féministe et inclusive, les porte-paroles sont unanimes: il faut appliquer l'analyse différenciée selon les sexes (ADS+) dans les politiques du gouvernement.
Maire-Joseph Pigeon, elle aussi co-porte-parole du G13, dénotait que depuis 2007, malgré les promesses du gouvernement, cette analyse n'avait pas été implantée." On en est encore à sensibiliser les fonctionnaires et les nombreux groupes de femmes […] s'épuisent à essayer de faire de l'éducation populaire auprès des élus", expliquait-elle.
Selon le G13, l'ADS+ est un outil qui bénéficierait grandement aux populations de femmes marginalisées. Graciela Mateo, co-porte-parole du Groupe des 13 tisse un lien clair entre l'invisibilisation systémique des femmes et la non-application de l'ADS+.
Elle estime que les organisations de femmes œuvrant auprès des femmes marginalisées sont invisibles puisqu'elles ne sont pas incluses dans les "milieux de discussions quand il y a des choses à mettre sur pied."
Selon elle, l'application de cette analyse et l'implication des groupes de femmes dans le processus décisionnel est une des solutions qui permettra de créer une relance économique inclusive et féministe.
Le premier ministre Legault devrait annoncer son budget pour la nouvelle année dans les prochaines semaines.