Des billets verts pour un virage financier
Une économie plus verte ne veut pas nécessairement dire moins rentable, surtout au Québec.
CHRONIQUE | Achetons local ! Combien de fois avez-vous entendu ou lu ces mots ? Probablement plus en ces neuf mois que depuis votre naissance. Une habitude tout simplement que nous devrions déjà maîtriser, et pourtant. Avec tout ce qui se passe, nous avons eu notre lot de bouleversement. Résultat, nous rêvons déjà de revenir à nos anciennes
habitudes.
Et si la pandémie était l'opportunité tant attendue pour accélérer le virage vers une économie verte. Plus difficile à dire qu'à faire. Ici, la responsabilité citoyenne est aussi grande que la responsabilité gouvernementale.
L'équilibre des objectifs
Le mois dernier, le gouvernement a annoncé son plan vert et ses 6,7 milliards de dollars pour verdir l'économie du Québec et réduire les gaz à effet de serre. Plutôt que de vendre la transition verte comme coûteuse, on la présente comme source de profit. Une stratégie gagnante.
On insiste souvent sur le premier terme de l'expression « économie verte ». On cherche d'abord à encourager l'activité économique, même si cela implique de tourner les coins ronds sur les aspects environnementaux. Chez les militants écologistes, on cherche d'abord à préserver les écosystèmes naturels, quitte à escamoter les enjeux économiques. Le véritable défi de ce type d'économie consiste à réconcilier ces deux composantes : modifier le système actuel pour qu'il respecte les limites de la planète, tout en ordonnant les échanges socioéconomiques de façon équitable et surtout efficace.
Ce qui est sûr, c'est qu'il faudra faire des sacrifices et modifier nos habitudes. L'idée que la réduction de notre empreinte écologique risque d'impliquer plus de soustractions que d'additions fait peur aux gens. Moins de voitures, moins de viande, et possiblement moins de croissance. Une idée peu alléchante, mais nécessaire.
Une économie verte sera rentable pour le Québec. Avec son
hydroélectricité abondante, la province est bien positionnée pour s'enrichir dans un avenir où la demande en énergie propre dépassera celle des énergies fossiles. Cette pandémie est une opportunité de changer de modèle de développement afin d'effectuer cette transition écologique. Il faudra plus qu'un slogan accrocheur pour que ça change, mais une fenêtre de tir s'ouvre et il serait dommage de la rater.