Débat jeunesse : entre calme et débordements

« Que vous soyez noir, jaune, orange ou turquoise, pour moi, vous êtes Montréalais », a scandé le candidat à la mairie de Montréal Gilbert Thibodeau pendant le débat municipal organisé entre autres par l’organisme Force Jeunesse, mardi soir.
C’est au Campus MIL de l’Université de Montréal que se sont succédé les quatre principaux candidats à la mairie. Premier à s’exprimer sur scène, Gilbert Thibodeau y est allé de quelques déclarations qui ont suscité à la fois rires et malaise dans l’assistance. « Être itinérant, c’est un choix de vie », a-t-il notamment affirmé. Pour s’occuper des itinérants, il a ensuite proposé, dans un crescendo d’intensité, de « leur donner une terre pour qu’ils plantent des légumes, les récoltent et les vendent sur le bord de la rue. »
La soirée a commencé de façon plutôt mouvementée avec Gilbert Thibodeau. Elle a ensuite pris une tangente beaucoup plus tranquille avec les trois candidats suivants.
Politesse
La formule du débat, dans lequel les candidats se sont succédé un à un sur la scène au lieu de s’affronter dans des joutes verbales, a donné lieu à peu de remarques acides. La foule, très silencieuse, a écouté avec intérêt les propositions des différents candidats. Balarama Holness s’est toutefois permis une allusion à Denis Coderre.
« Certains partis vont venir vous dire qu’ils comptent 35 % de diversité. Mais lorsqu’on parle d’inclusion, on ne devrait pas sortir sa calculatrice », a-t-il mentionné, alors que quelques minutes plus tôt, Denis Coderre s’était réjoui que son parti compte plus de 35 % de candidats en bas de 35 ans.
Questionné sur son plan pour rendre le contenu des projets de loi plus accessibles aux citoyens, Holness a affirmé que « comme certains partis politiques qui sont archaïques, la Ville de Montréal est elle aussi archaïque. » Il a ensuite attaqué le bilan de la mairesse Plante en termes de logement, se désolant que seulement 1082 logements sociaux soient présentement occupés alors que l’administration Plante avait promis 12 000 logements sociaux et abordables.
Sous le signe de l’inclusion
Bien que l’animateur Alexis Tremblay ait abordé de nombreux thèmes comme le logement et la mobilité au cours de la soirée, c’est celui de l’inclusion qui a été le plus populaire. « J’ai une sensibilité très précise [par rapport à cet enjeu] puisque je suis devenu ministre de l’Immigration après le 11 septembre 2001 », a soutenu le chef d’Ensemble Montréal, Denis Coderre.
La mairesse sortante Valérie Plante a rappelé ses accomplissements en matière d’inclusion. « Pour le changement de nom de la rue Atateken, on a fait un comité de toponymie, ce sont les Autochtones qui ont choisi le nouveau nom de la rue », a-t-elle expliqué devant la foule d’environ 200 personnes, presque toutes jeunes. Mme Plante a également rappelé qu’elle a nommé une commissaire à la lutte contre le racisme au début de l’année.
C’est en abordant le thème de l’inclusion que le chef de Mouvement Montréal Balarama Holness, présentement troisième dans les intentions de vote, s’est montré le plus passionné. Il a réitéré avec conviction sa promesse de combattre le racisme systémique et de s’assurer que la relance économique post-pandémie soit « verte, juste et inclusive ».
Le sujet éludé
Malgré les nombreuses questions à ce sujet, les candidats n’ont formulé presque aucune promesse concrète en lien avec des enjeux jeunesse. Les occasions n’ont pourtant pas manqué, avec des questions sur le cynisme politique de la nouvelle génération ou l’instauration d’un tarif réduit dans les transports en commun pour les étudiants à temps partiel.
Seul Balarama Holness s’est avancé en se positionnant en faveur du vote dès l’âge de 16 ans. Denis Coderre et Valérie Plante ont préféré rediriger les questions sur la jeunesse vers des enjeux plus globaux, comme l’environnement ou la représentativité politique.