Dans l'intimité de Bon Débarras
Le groupe québécois partage ses repères par la poésie et la chanson
Le trio de musique folklorique québécoise, Bon Débarras, se rejoignait au Lion d'Or à Montréal mardi soir pour lancer leur nouvel album Repères.
Autour d'une table basse, dans une ambiance tamisée, ils nous chantaient pour la première fois certaines de leurs nouvelles chansons au rythme de leur guitare, de leur banjo, de leur violon et de leurs pieds. Les membres du groupe, Dominic Desrochers, Jean-François Dumas et Véronique Plasse, livraient leur performance devant un public virtuel comblé qui les complimentait, les remerciait et les applaudissait par un flot de commentaires.
Jean-François Dumas a accordé une entrevue à l'Atelier quelques heures avant le lancement.
Comment alliez-vous la musique folklorique et la réalité moderne ?
On prend parfois de vieux textes et on crée de nouvelles musiques. Des fois, on prend une vieille musique et on y met de nouvelles paroles, mais l'idée est d'être au maximum dans la création. On écrit donc nos textes et notre musique le plus possible, avec les matériaux qui ont la couleur de nos racines (tapage de pieds, violon, turluttes). Vu qu'on a des influences urbaines, on peut aussi faire du slam, créer des choses plus modernes, avoir des fois des influences d'ailleurs dans le monde.
Quelles sont vos inspirations pour votre nouvel album ?
Pour le dernier album, nos inspirations premières ont été nos repères, le titre de l'album d'ailleurs. On rend hommage à Michel Faubert, un gars qui a beaucoup fait avancer la musique traditionnelle québécoise et à Gilles Vigneault, un grand repère aussi pour nous, les Québécois, au niveau de sa poésie. On a mis une musique sur un poème de Gaston Miron. On a aussi fait une collaboration avec Joséphine Bacon, une poétesse innue. On a décidé de faire une musique sur un de ses poèmes à propos de Nutshimit, [son repère territorial]. On a écrit aussi des chansons qui parlent de nos repères à nous à travers l'album.
On écrit nos textes et notre musique le plus possible, avec les matériaux qui ont la couleur de nos racines.
Quels instruments peut-on entendre dans Repères ?
C'est nous qui jouons tous les instruments. Dominic joue de la guitare principalement, mais aussi du ukulélé. C'est Véronique Plasse au violon. Au niveau des instruments, c'est ça, guitare, violon, ukulélé. Moi, je joue le banjo principalement. Pour le dernier album, je suis aussi sur la mandoline, je tape des pieds, je joue l'harmonica et la guimbarde. On chante les trois, la voix est assez importante, on travaille les harmonies vocales.
Comment avez-vous été affectés par la pandémie ?
Ça a complètement annulé notre été. Normalement, on tourne beaucoup dans des festivals. On est appelé à aller dans les Maritimes, dans l'ouest canadien, aux États-Unis. On avait aussi une tournée en France au mois de juillet. Tout ça a été annulé.
On s'adapte. On a enregistré notre album en janvier et la crise a commencé en mars. On avait quand même commencé le processus de mix qu'on a pu continuer à distance avec notre technicien. Avec le déconfinement, on a commencé à se voir en juin pour pratiquer le nouveau spectacle.
Ce soir, c'est impossible d'avoir un public, à cause des règles en place. L'adaptation c'est qu'on s'adresse à une caméra. En fait, je dirais plutôt qu'on a envie d'inviter les gens dans notre intimité. On les invite à partager le moment avec nous, tout naturellement. On travaille avec l'image.
Quelles sont vos attentes pour ce soir ? Avez-vous hâte ?
J'ai vraiment hâte à ce soir. C'est sûr que ça demande un autre état d'esprit de jouer sans public. Il n'y aura pas d'applaudissements, on ne voit pas à qui on s'adresse. C'est excitant et ça fait plus de deux ans qu'on porte ces pièces et qu'on a hâte de les jouer au monde. Par contre, c'est certain qu'on a vraiment plus hâte que tout ça soit fini et qu'on puisse avoir une vraie rencontre avec le public.