Chez Doris déclenche une nouvelle campagne de financement

Chez Doris déclenche une nouvelle campagne de financement

Le refuge pour femmes itinérantes Chez Doris a déclenché mardi une campagne publicitaire ayant pour objectif 15 millions de dollars en dons. Cette somme permettra à l'organisme de construire deux nouveaux points de service d'ici 2022: un refuge de nuit d'urgence comportant 22 lits et des résidences permanentes composées de 26 studios individuels.

« Nous serons en mesure de mettre en place des solutions d'hébergement pérennes et diversifiées pour les femmes les plus fragilisées de Montréal. Notre but est d'offrir une gamme de services la plus large possible afin de répondre aux besoins de chaque femme de manière plus adéquate et de contribuer à son autonomie », espère Marina Boulos-Winton, directrice générale de Chez Doris.

Le refuge situé au centre-ville de Montréal a pu constater l'augmentation de la demande en hébergement pour femmes sans-abri à Montréal depuis l'enclenchement de la crise sanitaire. L'organisme a accueilli plus de 875 femmes sans-abris entre avril 2020 et mars 2021, soit une hausse de plus de 100 % de leur clientèle par rapport aux données pré-COVID-19.   « La pandémie a particulièrement fragilisé les femmes, qui constituent une clientèle vulnérable », note Mme Boulos-Winton.

Nathalie Goulet, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal responsable de l'inclusion sociale et de l'itinérance ajoute que « la pandémie est venue exacerber les enjeux quant à l'itinérance et à la pauvreté ». Selon les données recensées par la Ville de Montréal, le nombre de personnes en situation d'itinérance a doublé dans la métropole depuis le début de la crise sanitaire.

Malgré cette demande criante de services pour femmes itinérantes, les ressources sont insuffisantes à travers la métropole, juge la directrice générale de Chez Doris. « Les refuges pour femmes sont beaucoup moins financés que les refuges pour hommes », avance Mme Boulos-Winton. Bien que les femmes sans-abris composent 25% de la population itinérante à Montréal, seuls 10% des services d'aide en itinérance leur sont destinés exclusivement.

Ce déséquilibre quant à l'offre de services s'explique notamment par le problème d'invisibilisation de l'itinérance au féminin, estime Brianna Prince-Harris, cheffe d'équipe des intervenants psychosociaux de Chez Doris. « La particularité des femmes itinérantes, c'est qu'elles sont souvent victimes de violence. L'itinérance féminine est donc cachée, car si c'est évident qu'une femme est itinérante, elle se rend beaucoup plus vulnérable à la victimisation », déplore Mme Boulos-Winton.