Cannabis : les Autochtones, partenaires à part entière
Quatre ans après la légalisation du cannabis, des Premières Nations souhaitent collaborer entre elles pour cultiver et vendre cette plante et ses dérivés selon une juridiction indépendante des provinces.

Par Camille Brasseur
« Nous voulons pouvoir ouvrir des cultures locales sûres et sécurisées. Nous voulons pouvoir commercer avec les autres Premières Nations », déclare Darcy Gray, chef du Gouvernement Mi'gmaq de Listuguj. « Tout commence par la question des compétences, poursuit-il. Qui est compétent sur cette culture ? Nous estimons que c'est notre gouvernement, pas celui du Canada ou de la province. »
La dépendance des Premières Nations à leur province
« Le plus gros obstacle [au Québec], selon Darcy Gray, c'est le gouvernement [...] qui veut s'assurer d'avoir un monopole. »
Dwayne Nashkawa, conseiller stratégique pour la Première Nation Nipissing en Ontario, déplore l'impossibilité de passer par un producteur des Premières Nations puisque les commandes doivent se faire aux magasins de la province.
Il observe que les quatre détaillants présents sur son territoire ont créé des emplois et envisagent de se diversifier. Mais sa communauté a dû insister pour obtenir des licences ; le système ontarien ne les prenait pas en compte. « Il a fallu adopter la seule méthode qui était acceptée », imposée par la province, constate-t-il, insatisfait.
La création d'un « marché rouge »
Darcy Gray trouve que les consultations portent « sur le citoyen moyen plutôt que sur le citoyen des Premières Nations ». Selon lui, « une très bonne solution pour les Autochtones partout au Canada » serait un « marché rouge » du cannabis, légiféré par et pour les Autochtones. Cette collaboration pourrait créer « des occasions de richesse, d'indépendance et d'économie ».
Dénonçant « l'ingérence des provinces », Dwayne Nashkawa souhaite que les acteurs de l'industrie du cannabis viennent de leurs communautés, pas de l'extérieur, et qu'ils puissent suivre les règles des Premières Nations indépendamment du système provincial. « Ce n'est pas que nous voulons une position privilégiée, mais nous voulons un siège à la table », plaide-t-il.
Plus généralement, il demande des lois pour que les Premières Nations puissent « exercer [leur] droit d'être maître de [leur] économie, à l'égard du cannabis, de la pêche ou de n'importe quelle autre production ».