La crise de la biodiversité : des espèces aquatiques en péril au Canada
« La crise de la biodiversité est liée à la crise climatique, mais n'est pas aussi bien connue », a déclaré le commissaire à l'environnement et au développement durable du Canada, Jerry V. DeMarco.

Par Britanie Sullivan
M. DeMarco était en conférence de presse mardi, dans le cadre de la publication de cinq rapports portant sur la protection de l'environnement au pays.
« Globalement, ce qui m'inquiète le plus est que le Canada n'en fait pas assez pour contrer la perte de diversité biologique », souligne Jerry V. DeMarco. Ce dernier remarque pourtant que la protection de la biodiversité est au centre de la Loi sur les espèces en péril, adoptée il y a 20 ans.
La protection adéquate d'espèces aquatiques en péril n'a pas été atteinte par Pêches et Océans Canada, conclut le rapport sur la protection des espèces aquatiques en péril présenté par le commissaire au Parlement du Canada.
« Pour les secteurs que nous avons examinés, Environnement et Changement climatique Canada ainsi que Pêches et Océans Canada n'avaient pas contribué adéquatement à l'atteinte [d'] objectifs de développement durable des Nations Unies dans la mesure où ils se rapportent à la protection des espèces aquatiques en péril », note le rapport.
De plus en plus d'espèces
En novembre 2021, 38 espèces d'eau douce et 25 espèces marines ont été considérées comme menacées. Si « rien n'est fait pour contrer les facteurs menaçant de les faire disparaître du pays ou de la planète », il est possible qu'elles deviennent des espèces en voie de disparition. Elles pourraient s'ajouter aux 49 espèces d'eau douce et 52 espèces marines l'étant à ce moment, avait constaté le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.
« La biodiversité du Canada est gravement menacée. La liste des espèces en voie de disparition est préoccupante et s'allonge chaque année. Des espèces auparavant abondantes ont aujourd'hui disparu. Cela est le cas pour la tourte voyageuse [autrefois l'espèce d'oiseau la plus commune en Amérique du Nord] et le saumon atlantique dans le lac Ontario. Chaque espèce qui disparait dérange un peu plus l'équilibre fragile de nos écosystèmes et marque un manque à notre devoir commun de protéger les espèces en péril et de travailler pour leur rétablissement », martèle M. DeMarco.
Un temps moyen de 3,6 ans est « requis pour inscrire toutes les espèces désignées comme étant en péril », lit-on dans le rapport sur la protection des espèces aquatiques en péril. Le commissaire à l'environnement et au développement durable considère cette période trop longue. « Nous n'avons pas de temps à perdre, nous sommes censés être dans la salle d'urgence de la protection de la biodiversité ! »
La morue de l'Atlantique de Terre‑Neuve-et‑Labrador, le monarque ainsi que le bison des bois sont d'autres espèces ayant été auparavant plus répandues, mais aujourd'hui en péril, fait part Jerry V. DeMarco. « Nous [le Canada] avons davantage mis l'accent sur les intérêts économiques à court terme que sur les objectifs écologiques à long terme, soutient-il. Il faut donner la grande priorité au long terme. Sinon, nous risquons de ne pas avoir tiré de leçon [des autres espèces qui ont disparu] ».
En réponse à la publication des cinq rapports du Commissaire à l'environnement et au développement durable, le gouvernement du Canada a déclaré dans un communiqué qu'en « ce qui concerne la biodiversité, notre engagement à mettre un terme à l'appauvrissement de la biodiversité et à renverser la vapeur comprend des mesures à l'échelle nationale et internationale. Le Canada sera le pays hôte de la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies, et du 7 au 19 décembre à Montréal, nous accueillerons le monde entier pour discuter et mettre en place des mesures pour préserver la prospérité de la planète. »
Informations supplémentaires sur la biodiversité
« Les espèces s'éteignent dix à cent fois plus rapidement qu'elles ne le feraient naturellement. Sur les 8 millions d'espèces animales et végétales recensées dans le monde, un million est menacé d'extinction. En moyenne, les populations d'animaux sauvages vertébrés ont chuté de 68 % au cours des 50 dernières années et de nombreuses espèces d'insectes ont été réduites de moitié. »
« Au Canada, on dénombre environ 80 000 espèces, notamment de mammifères, d'oiseaux, de poissons, de plantes, d'amphibiens, de reptiles et d'insectes. Le caribou, l'ours polaire, le castor et le huard figurent sur les pièces de la monnaie canadienne et sont parmi les espèces les plus emblématiques du pays. Le Canada compte plus de 300 espèces qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. »
Source : La biodiversité au Canada : engagements et tendances (Commissaire à l'environnement et au développement durable, 2022)