AstraZeneca : Québec maintient sa position

Québec encourage l'utilisation d'AstraZeneca, malgré des doutes aux États-Unis.

AstraZeneca : Québec maintient sa position

L'augmentation des variants de la COVID-19 pousse l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) à maintenir sa position et à encourager l'utilisation du vaccin d'AstraZeneca, qui vient de subir un nouveau revers mardi aux États-Unis.

On est dans une course entre les vaccins et les variants« - Benoit Barbeau

" Avec le variant qui arrive, clairement mon message à la population c'est "prenez le vaccin qui vous est offert lorsque c'est à votre tour de vous présenter pour la vaccination" ", a déclaré mardi la directrice de la santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, sur les ondes du 98,5 FM.

De son côté, le directeur du Bureau des sciences médicales à Santé Canada, le Dr Marc Berthiaume, a affirmé en conférence de presse que " l'efficacité et l'innocuité du vaccin d'AstraZeneca est clairement démontrée sur la base des données qui ont déjà été fournies à Santé Canada." L'agence fédérale prévoit de recevoir les nouvelles données issues des essais aux États-Unis dans les prochaines semaines et réévaluera alors la situation.

"En ce moment, je crois que c'est la bonne décision", a indiqué à L'Atelier l'expert en virologie et professeur en sciences biologiques de l'Université du Québec à Montréal, Benoit Barbeau, en rappelant qu'on est dans une course entre les vaccins et les variants. "On ne peut pas décider d'arrêter [le vaccin] sans savoir vraiment ce qui se passe entre les Américains et AstraZeneca. [...] Il faut s'appuyer sur les données qui sont fermes".

Des données obsolètes

Face aux critiques d'une agence américaine indépendante, AstraZeneca a précisé mardi avoir utilisé des données datant d'avant le 17 février pour livrer ses derniers résultats. Selon l'Institut national des maladies infectieuses et des allergies (NIAID), qui supervise des essais cliniques de vaccins aux États-Unis, cela peut "avoir abouti à une estimation incomplète de l'efficacité du vaccin".

AstraZeneca avait justement défendu lundi son vaccin mis en doute par une bonne partie des Européens et pas encore approuvé aux États-Unis. Le professeur Benoit Barbeau confirme qu'une utilisation incomplète des données d'AstraZeneca pourrait avoir biaisé les résultats de son étude clinique, notamment à cause de la présence de plus en plus importante de variants. Le professeur rappelle que la compagnie pharmaceutique avait d'ailleurs été critiquée pour une confusion entre différentes doses lors de sa première série d'études cliniques.

Pressé de rendre disponibles les données les plus récentes et complètes, AstraZeneca a confirmé par communiqué mardi qu'il les fournirait au régulateur américain d'ici 48 heures.

La confiance du public s'érode

Dans le dernier mois, plusieurs pays européens, dont le Danemark et la France, ont suspendu l'utilisation du vaccin suédo-britannique par crainte de la formation de caillots sanguins. Jeudi, l'Agence européenne des médicaments a pourtant jugé le vaccin "sûr et efficace".

Alors que la troisième vague frappe de plein fouet plusieurs pays d'Europe, l'utilisation d'AstraZeneca, qui est abordable et facile d'entreposage, est considérée comme cruciale pour lutter contre la pandémie. Mercredi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que les avantages du vaccin AstraZeneca l'emportaient sur les risques et a recommandé de poursuivre la vaccination.

"Ce qui joue en notre faveur en ce moment, c'est que si vraiment on arrivait à une situation où les données sont moins probantes pour AstraZeneca, on a quand même Johnson & Johnson qui pourrait être notre vaccin de choix comme troisième option, et on pourrait laisser de côté AstraZeneca", a expliqué M. Barbeau.

L'expert en virologie considère que la balle est maintenant dans le camp de la l'entreprise pharmaceutique: "C'est à eux de faire la démonstration qu'il n'y a pas eu de mauvaise foi de leur part et que leurs données de cette cohorte sont aussi probantes que celles des études cliniques précédentes".

Avec l'Agence France-Presse