Le Canada se prépare à une menace russe en Arctique d'ici une décennie
Appelés à témoigner sur la situation en Arctique lors d'une réunion du Comité permanent de la défense nationale, le général Wayne Eyre et le vice-amiral Angus Topshee ont assuré qu'il n'y avait aucun danger immédiat, mais que des menaces russes et chinoises sont à prévoir d'ici une dizaine d'années.

Par Maël Brunet
L'invasion illégale de l'Ukraine par la Russie en février dernier a fait craindre le Canada pour sa propre sécurité. Comme l'a précisé le général Wayne Eyre, chef d'état-major de l'Armée canadienne, mardi, cette offensive a forcé les pays arctiques à tenir une réunion cet été, chose qui n'était pas arrivée depuis 2014 lors de l'annexion de la Crimée.
Pour lui, " le monde dans lequel nous vivons est plus dangereux qu'il ne l'a été depuis la Guerre froide et peut-être même depuis la veille de la Seconde Guerre mondiale ". Exception faite que lors de la Guerre froide, le conflit était bipolaire, alors qu'il est désormais tripolaire.
Dans sa quête de la nouvelle route de la soie, la Chine voit également d'un grand intérêt un accès à l'Arctique. La Russie étant de plus en plus isolée, Vladimir Poutine se tourne vers la Chine et Xi Jinping pourrait en profiter pour s'accaparer ses voies maritimes.
Malgré le danger grandissant, le général Eyre estime qu'il n'y a aucune menace envers la souveraineté territoriale du Canada dans un avenir proche. Le constat sera cependant différent dans une décennie et le Canada doit augmenter dès maintenant sa présence miliaire dans les territoires du nord.
La modernisation du NORAD
Pour pallier toute éventualité, le Canada et les États-Unis doivent moderniser le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD).
Cet organisme regroupant les deux pays nord-américains a pour objectif la surveillance et la défense de leurs espaces aériens. Pour en assurer la protection, le Projet de système d'aéronefs télépilotés (SATP) a été créé.
Cette entité est chargée de la sécurité du territoire par le biais d'appareils de reconnaissance sans pilote et devrait, d'ici 2024, signer un contrat pour l'acquisition de drones suffisamment autonomes pour couvrir l'intégralité de la surface de l'Arctique.
L'importance d'une collaboration autochtone
Dans son optique de renforcer la défense de l'Arctique, l'état-major canadien entend collaborer avec les collectivités du Nord et bien évidemment avec les communautés autochtones. Pour le général Eyre, ces dernières et les forces armées peuvent mutuellement s'apporter beaucoup.
Les conditions climatiques en Arctique représentent un obstacle et sont l'une des principales difficultés pour l'installation des soldats. Cette météo extrême, les habitants des régions les plus au nord y sont habitués. Ils peuvent apporter leur expertise pour aider les militaires à moderniser et adapter leurs infrastructures.
Le général Eyre pense donc que la protection de l'Arctique peut avoir d'excellentes retombées économiques, car cela devrait permettre la création de nombreux emplois au sein des communautés autochtones.
Au final, " le but est que notre présence soit un avantage et ne soit pas au détriment de ces communautés ", conclut le vice-amiral Angus Topshee, commandant de la Marine royale canadienne.