À la croisée des voix
DOSSIER: Les 50 ans de la compagnie de théâtre Duceppe. Critique de Manikanetish.

Le public s’installe tranquillement dans la salle du Théâtre Jean-Duceppe pour assister à la représentation de la pièce adaptée du roman de Naomi Fontaine Manikanetish. Rapidement, la présence des comédiens sur scène attire l’attention des spectateurs. Le quatrième mur est brisé. Les lumières sont toujours allumées, pourtant, l’auditoire est déjà silencieux, prêt à accueillir cette œuvre empreinte d’humanité.
Manikanetish raconte l’histoire de Yammie, interprétée par Sharon Fontaine-Ishpatao, une enseignante qui, 15 ans après avoir quitté sa communauté, décroche un emploi dans une école secondaire d’Uashat, sur la Côte-Nord. Malgré de bonnes intentions, les premières semaines sont difficiles pour Yammie, qui tente en vain de créer un lien avec ses élèves.
Peu à peu, l’enseignante accompagne avec plus d’écoute ces jeunes Innus au travers des deuils et des défis auxquels ils.elles font face. La froideur et la discipline seront mises de côté pour laisser place à la vulnérabilité et l’ouverture.
Résilience
Plusieurs des comédiens issus des nations innue et mi’kmaq en sont à leurs premiers pas sur scène, dirigés par le metteur en scène Jean-Simon Traversy. Leur jeu, parfois malhabile, mais souvent vrai, témoigne de leurs vécus.
À plusieurs reprises, les élèves de Yammie sont confrontés à des deuils et des épreuves importantes. Pourtant, le rire semble toujours gagner. « Je pense que le rire est un outil de guérison pour la plupart d’entre nous », souligne Alexia Vinci, interprète de Noémie, lors d’une soirée-rencontre entre le public et les comédiens et comédiennes.
« Nos voix se font entendre »
« Je suis fière de présenter chaque soir ce spectacle pour que les gens sachent qui sont les jeunes Innu.e.s », s’exclame Naomi Fontaine devant les spectateurs à l’écoute.
C’est dans un simple gymnase d’école rempli de bacs de rangements que les interprètes s’ouvrent à un public réceptif. Ces
derniers offrent, à travers leurs joies et leurs douleurs, une partie d’eux-mêmes, une partie de leur communauté.
Formant une ligne au devant de la scène, les comédien.ne.s de Manikanetish ont clôturé le spectacle en scandant « Nos voix se font entendre ». Pour la 50e programmation du théâtre Duceppe, la parole autochtone résonne.