85 organisations canadiennes souhaitent réduire les conséquences des antécédents judiciaires

85 organisations canadiennes souhaitent réduire les conséquences des antécédents judiciaires

85 organisations canadiennes souhaitent réduire les conséquences des antécédents judiciaires

La coalition " Nouveau départ ", qui regroupe des organisations juridiques et humanitaires, a annoncé mardi une nouvelle réforme, visant à sensibiliser le gouvernement fédéral aux enjeux vécus par les ex-détenus lorsqu'ils sortent de prison.

Des organisations pour la santé mentale, de défense de personnes vivant dans la pauvreté, de lutte contre la violence faite aux femmes et de défense des droits des Noirs et des Autochtones sont incluses dans cette alliance. Plusieurs cabinets et associations d'avocats y sont également.

Quatre millions d'adultes au Canada ont un dossier criminel. Il s'agit d'un homme sur cinq environ. Sur ce nombre, 70% des accusations concernent des crimes non violents.

Avoir accès à une vie normale

Le directeur général de l'Association des services de réhabilitation sociale du Québec (ARSQ), David Henry, a souligné que le but est " de favoriser la réintégration sociale des personnes judiciarisées ". Posséder un casier judiciaire au Canada peut être très compliqué pour les personnes qui se cherchent un logement ou un travail. Avoir accès à des assurances et aux déplacements à l'étranger l'est tout autant.

Les 85 organismes qui constituent la coalition se sont engagés dans une campagne de sensibilisation qui est visée pour le gouvernement fédéral. Selon Me Ralph Mastromonaco, les politiciens seraient déconnectés de la réalité. " On veut exercer une pression sur les ministres. Nous avons déjà commencé à faire des demandes de rendez-vous, notamment au ministre de la Justice David Lametti ", a-t-il mentionné lors de la conférence de la presse. Ils n'ont toujours pas eu de réponse.

Des groupes marginalisées

La communauté noire est encore plus désavantagée que les autres, selon Joan Lee, présidente de l'Association de la communauté noire de l'Ouest de l'Île. " Il y a du racisme systémique dans le milieu, et il est temps de mettre fin à ça ", a-t-elle dénoncé.

Les femmes sont aussi pénalisées par rapport aux autres personnes ayant un dossier criminel. " [Elles] sont issues, pour la plupart, de milieux défavorisés ", a expliqué Ruth Gagnon, directrice générale de la Société Elizabeth Fry du Québec. La réintégration sociale de ces femmes est donc moins évidente.

Les Québécois sont même désavantagés, selon Jean-Claude Bernheim, président de la Société John Howard du Québec. Il déplore que les détenteurs d'un casier judiciaire paient des primes d'assurance plus élevées, dû au Code civil, qui le permet. Le Québec est la seule province au pays qui est régi par le Code civil.

Une demande de pardon complexe

Si effectuer une demande de pardon semble être une bonne solution pour la réintégration sociale, plusieurs avocats trouvent que ce système est inadéquat. " L'attente est trop longue pour qu'une personne fasse la demande ", souligne Me Mastromonaco. " Pour une infraction sommaire, comme un vol à l'étalage, ça peut prendre jusqu'à six ans avant que la demande soit traitée. C'est complètement ridicule. Cela ne veut même pas dire qu'elle sera acceptée. ", précise-t-il.