Les victimes de harcèlement dans le milieu culturel obtiennent justice
Le gouvernement du Québec s'engage à verser une somme de trois millions de dollars sur trois ans à la Clinique juridique Juripop.
Le gouvernement du Québec s'engage à verser une somme de trois millions de dollars sur trois ans à la Clinique juridique Juripop. Cette somme permettra aux victimes de harcèlement et de violence œuvrant dans le secteur culturel d'être représentées sans frais en plus de bénéficier des services de L'Aparté, une ressource de Juripop.
C'est ce qu'a annoncé le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, lors d'une conférence de presse mardi matin. Lors de cette annonce, il était accompagné de Me Isabelle Gagnon, de la nouvelle présidente de l'Union des artistes (UDA), Tania Kontoyanni, ainsi que du directeur général de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), Laurent Dubois.
Le ministre Lacombe précise qu'en juillet dernier, le gouvernement a mis à jour le statut de l'artiste pour être capable de protéger les artistes, jusqu'alors sans recours. "Nous avons mis en place des dispositions en matière de harcèlement psychologique, ce qui inclut spécifiquement les conduites qui se manifestent par des paroles, des actes ou des gestes à caractère sexuel", précise M. Lacombe.
Cependant, le ministre pense qu'il est possible d'aller encore plus loin, ce qui explique l'investissement annoncé plus tôt. "Il s'agit d'un service-conseil qui existait auparavant, mais qu'on vient bonifier pour y ajouter l'accompagnement des victimes. [Elles] pourront aussi être accompagnées et représentées dans leurs démarches pour faire en sorte qu'elles puissent faire valoir leurs droits et travailler dans un environnement sain et sécuritaire", précise le ministre.
Un pas de géant pour le milieu culturel
L'Aparté est une réponse directe de Juripop au mouvement #MoiAussi. La ressource consiste en une réunion "des associations professionnelles et des regroupements [...] pour mettre en place un plan d'action visant à agir contre toutes les formes de harcèlement dans le milieu culturel en créant des ressources immédiates et permanentes", mentionne la directrice générale de Juripop, Sophie Gagnon. Rappelons que le milieu de la culture a été parmi les plus touchés par cette vague de dénonciations, et ce, principalement à l'automne 2017.
Quatre-vingt-cinq organismes travaillent déjà en collaboration avec L'Aparté
"Le plus important pour une victime de harcèlement psychologique, c'est d'être entendue et d'être crue. Dans le cas contraire, ça devient juste une agression de plus", explique la présidente de l'UDA, Tania Kontoyanni.
Selon Sophie Gagnon, le milieu de la culture possède des facteurs de vulnérabilité qui expliquent pourquoi le harcèlement est plus prévalent dans ce milieu, et ce, encore en 2023.
Parmi ces facteurs, elle fait mention de la précarité financière, des rapports de pouvoir qui sont exploités pour obtenir des faveurs sexuelles, ainsi que de la réputation, qui est très importante.
Pour L'Aparté, cette décision du gouvernement d'investir trois millions de dollars dans le milieu culturel signifie que l'organisation pourra encore offrir ses services pour au moins trois autres années.
Elle pourra aussi offrir un service-conseil auprès des associations et des organisations du milieu de la culture.
Quatre-vingt-cinq organismes travaillent déjà en collaboration avec L'Aparté, mais ils pourront maintenant bénéficier de davantage de ressources pour travailler en prévention.
Finalement, cela apporte une nouveauté juridique, puisque les travailleurs pourront profiter d'une représentation gratuite pour faire valoir leurs droits au tribunal administratif du travail.