Prigojine n'est pas près de détrôner Poutine

Vendredi, Evgueni Prigojine, le fondateur de Wagner, que l'on considère souvent comme le porte-parole de Poutine, a évoqué sur Telegram la possibilité que la Russie songe à abréger les opérations militaires en Ukraine.

Prigojine n'est pas près de détrôner Poutine
Le chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, s'est ouvertement réjoui de l'efficacité de son ingérence dans la campagne de l'élection présidentielle remportée par Donald Trump en 2016. (Photo : Getty Images)

Par Ysann Paris

Alors que le chef du groupe Wagner semble vouloir affirmer que la Russie a bénéficié des résultats escomptés dans le conflit russo-ukrainien, des experts interprètent la déclaration comme un signe de fragilisation du pouvoir central russe.

Vendredi, Evgueni Prigojine, le fondateur de Wagner, que l'on considère souvent comme le porte-parole de Poutine, a évoqué sur Telegram la possibilité que la Russie songe à abréger les opérations militaires en Ukraine. On s'interroge afin de comprendre si cette annonce met en lumière des faiblesses de l'État russe ou si elle témoigne d'une prise d'indépendance de la part de Prigojine vis-à-vis de Poutine.

Faisant de plus en plus régulièrement l'objet de gros titres dans les journaux occidentaux pour ses prises de paroles au sujet de l'avancée du conflit russo-ukrainien, l'oligarque russe et proche confident du président russe a annoncé par son service de communication et Telegram la possibilité d'une "conclusion de l'opération militaire spéciale" en Ukraine.

Fenêtre sur les difficultés russes

"Un jeu politique et diplomatique s'exerce au niveau du discours", explique Anessa Kimball, professeure au Département de science politique de l'Université Laval.

Des failles émergent dans les institutions [russes] qui dirigent ce conflit-là« - Anessa Kimball

En mettant les déclarations de plus en plus fréquentes de Prigojine en perspective avec les critiques de Ramzan Kadyrov, représentant politique tchétchène, on voit se dessiner les prémices d'un conflit intraélite à Moscou.

"Des failles émergent dans les institutions [russes] qui dirigent ce conflit-là, c'est sûr, mais il reste à voir si ces failles vont être assez profondes pour aller jusqu'à faire chavirer le pouvoir de Poutine", explique Mme Kimball. "Pour l'instant, je ne pense pas qu'on soit rendus à cette phase-là", poursuit-elle.

Les affirmations de l'oligarque alimentent les conjectures. Selon le journal indépendant russe Meduza, il semblerait que le chef du groupe Wagner aspire à créer son propre "mouvement patriotique conservateur".