Catherine Fournier donne accès à son parcours judiciaire «positif»
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a révélé hier qu'elle était la victime de l'ancien député péquiste Harold LeBel, reconnu coupable d'agression sexuelle en janvier 2023

Par L'Atelier
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a révélé hier qu'elle était la victime de l'ancien député péquiste Harold LeBel, reconnu coupable d'agression sexuelle en janvier 2023.
Le dévoilement de son identité concorde avec la sortie d'un documentaire qui donne accès aux moindres détails de son processus judiciaire permettant aux personnes victimes d'agression sexuelle de mieux comprendre les différentes étapes du dépôt de la plainte jusqu'à la fin du procès.
Elle souhaitait, a-t-elle dit, transformer les événements en quelque chose de positif avec le film de 70 minutes Témoin C.F, dans lequel le journaliste Mathieu Carbasse et la réalisatrice Marie-Christine Noël, du Bureau d'enquête, l'ont suivie durant plus d'un an pour couvrir toutes les procédures, les doutes et les réalisations vécues.
La honte prend le dessus
Il s'est écoulé deux ans et demi entre l'agression survenue en 2017 et la plainte de Mme Fournier. Elle avoue ne pas avoir dénoncé plus tôt pour ne pas "faire de trouble". La politicienne défendait publiquement les personnes victimes d'agression sexuelle, mais elle refusait d'admettre qu'elle en était une. "À ce moment-là, Catherine, 25 ans, se trouvait faible que ça lui soit arrivé. Ce n'est pas ça que je voulais! Évidemment, maintenant, j'ai pris beaucoup de recul, ce n'est pas ça. Catherine, 31 ans, pense autre chose, je me sens forte", dit-elle.
Tempête médiatique à l'encontre du Code criminel
Tout au long du documentaire, Catherine Fournier soulève la problématique de l'ordonnance de non-publication, qui a connu des failles dans son cas. À l'époque, elle souhaitait garder l'anonymat. Toutefois, soixante-deux minutes après l'arrestation de M. LeBel, le 15 décembre 2020, un chroniqueur à la radio a mentionné son nom en lien avec l'arrestation du député de Rimouski.
"C'est beaucoup plus qu'une simple histoire de personnalité publique ou de personnalité connue, ça peut être quelqu'un qui n'a pas cette visibilité, mais qu'on reconnaît en dévoilant des détails dans les médias qui contrevient à ce qui est pourtant son propre choix et je ne le rappellerai jamais assez : c'est un article dans le Code criminel!", affirme la victime de M. Harold LeBel.
Un long processus
Le soir de l'agression, le 20 octobre 2017, Mme Fournier se rendait à Rimouski dans le cadre de son travail, anciennement députée de Marie-Victorin, pour une tournée du Parti Québécois accompagné d'Harold LeBel. Il a proposé d'héberger son amie et elle. Dans le documentaire, Mme Fournier offre sa version des faits en relatant chaque élément de cette nuit. D'ailleurs, les spectateurs ont accès à son interrogatoire de police, enregistré le 31 juillet 2020, à Longueuil, lorsqu'elle a porté plainte contre celui qu'elle pensait être son mentor professionnel. "Ça a duré des heures", confie-t-elle, la gorge serrée.
Tout au long des procédures judiciaires, Harold LeBel a nié les faits. Il a été condamné à huit mois de prison. En mars dernier, devant la Commission québécoise des libérations criminelles, l'ancien politicien a avoué avoir un "immense respect" pour Mme Fournier, qu'il a reconnu avoir agressée. Il est ensuite sorti de prison au quart de sa peine.
Le pardon, une question de temps
"Je pense que le pardon, c'est un processus qui prend du temps. J'espère, j'espère y arriver. Je pense que je vais y arriver [un jour]", confie la politicienne.
Elle se donne la mission de continuer de parler des personnes victimes d'agression sexuelle sur la place publique.