Faire évoluer les mentalités une série à la fois

Le dévouement des femmes porteuses mis en avant

Faire évoluer les mentalités une série à la fois
Marie-Claude Corbeil, une des protagonistes de la série, mentionne : « On n'est pas toutes des folles, on est des femmes provenant de tous les milieux, et nous sommes éduquées. On a cœur ce qu'on fait. » (Photo : Salle de presse; Bell Média )

Par Magali Brosseau

Neuf mois avant que ses enfants perdent la vie aux mains de leur père, Amélie Lemieux subit l'ablation de l'endomètre : elle ne peut donc plus porter la vie, mais souhaite plus que tout être mère à nouveau. La série documentaire Porteuses de vie suit les démarches de cette femme qui a recours aux femmes porteuses, mais aussi la quête de plusieurs personnes ou familles qui doivent aussi y avoir recours.

"J'aime être maman, et ça me manque. Je veux qu'on m'appelle maman à nouveau", mentionne Amélie Lemieux dans le tout premier épisode de la série Porteuses de vie.

La série tourne autour d'Amélie Lemieux, qui souhaite devenir mère à nouveau à la suite de la mort tragique de ses deux filles, Romy et Norah Carpentier, assassinées par leur père en juillet 2020. "Elle s'est fait retirer l'endomètre, pensant que sa famille était complète, ce qui fait qu'elle ne peut plus porter d'enfant, c'est trop dangereux pour sa santé", précise la réalisatrice, Madeleine Cantin.

Dès le jeudi 13 avril à 20 h, les téléspectateurs découvriront, à travers huit épisodes, l'envers du processus de gestation par autrui, mais ils feront surtout une immersion dans de nombreux processus en plus de découvrir la réalité de ces femmes qui prêtent leurs corps avec comme seul objectif de créer des familles.

Faire évoluer les mentalités

Dans une entrevue accordée à Tout le monde en parle, la titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la procréation pour autrui et les liens familiaux, Isabel Côté, mentionnait l'évolution du terme " femme porteuse " et la raison derrière celle-ci : "Dans le langage populaire, on dit souvent mères porteuses, car on associe la grossesse à la maternité, mais les femmes elles-mêmes ne se perçoivent pas comme étant les mères des enfants. C'est pourquoi le langage a évolué vers les femmes porteuses."

Cette nouvelle appellation montre que les mentalités vis-à-vis de ce processus évoluent, mais le tout se fait très tranquillement. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle cette série a vu le jour. "L'objectif de la série est de faire changer les choses, d'ouvrir les mentalités. C'est d'arrêter de parler des femmes porteuses sans les entendre elles, c'est de montrer que ce qu'elles font, c'est beau et que ce n'est pas de l'exploitation. Il faut que ce soit mieux encadré par le gouvernement."

"Ce n'est pas juste les couples homosexuels qui ont recours à ce processus, il y a différentes raisons qui peuvent pousser quelqu'un à avoir recours aux femmes porteuses", mentionne l'une des femmes porteuses de la série, Marie-Claude Corbeil. La situation d'Amélie Lemieux en est un bon exemple, mais plusieurs autres raisons telles que l'infertilité, le célibat ou l'homosexualité, par exemple, sont des raisons qui peuvent pousser une personne ou même un couple à se tourner vers ce processus.

"Les gens ne croient pas qu'on fait ça pour rien. Nos dépenses sont remboursées par le gouvernement, mais on n'est pas rémunérées pour le faire et, d'ailleurs, je ne suis pas nécessairement pour la rémunération parce que ça ouvre la porte aux gens malhonnêtes, mais aussi à des femmes qui pourraient le faire pour les mauvaises raisons", ajoute Marie-Claude Corbeil.

Chaque femme porteuse décide de faire le processus pour des raisons qui lui sont propres. Dans la série, on rencontre plusieurs d'entre elles qui expliquent pourquoi elles ont décidé de le faire. "Dans mon cas, il y a un peu d'égoïsme là-dedans parce que ça me permet de revivre la grossesse, mais je ne veux pas d'autres enfants. Je ne veux pas de bébé, mais j'aime être enceinte alors aussi bien en faire profiter quelqu'un qui ne peut pas être enceinte, mais qui veut ce bébé plus que tout", mentionne Marie-Claude Corbeil.

Le projet de loi 12

Le 23 février dernier, le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a déposé le projet de loi 12 portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation. "Encadrement des grossesses pour autrui par la mise en place d'un processus clair, prévisible et sécuritaire assurant l'intérêt primordial de l'enfant à naître et la protection des droits de la mère porteuse", peut-on lire sur le site du ministère de la Justice.

Actuellement, les ententes entre les parents d'intention et les femmes porteuses n'ont aucune valeur légale. Ce projet de loi comporte différents points, dont celui-ci : les parents d'intention qui changeraient d'idée en cours de route ne peuvent pas abandonner l'enfant pour protéger les femmes. "Il existe aujourd'hui de multiples façons de fonder une famille, et nos lois doivent être adaptées à ces réalités. Le droit de la famille ne doit plus être à la remorque de la société", a mentionné le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette.