Hydro-Québec convoite la rivière du Petit Mécatina
La société d'État étendrait son emprise sur la Côte-Nord
Par Stéphane Rolland
Hydro-Québec va lancer une étude préliminaire qui pourrait aboutir à la construction de barrages, une possibilité qu'a évoquée à plusieurs reprises le premier ministre François Legault.
La société d'État va réaliser une étude préliminaire sur le potentiel hydroélectrique de la rivière du Petit Mécatina, sur la Côte-Nord, selon un suivi annuel de son plan stratégique 2022-2026, dévoilé mardi. En avance sur ses objectifs d'efficacité énergétique, Hydro-Québec annonce aussi son intention de rehausser ses cibles à un seuil qui sera déterminé plus tard.
Les études préliminaires n'aboutiront pas nécessairement sur un projet de centrale, souligne le porte-parole Maxence Huard-Lefebvre, en entrevue. "On s'entend, on ne va pas au terrain avec une bétonnière. L'idée, c'est vraiment de prendre des informations. On est en mode observations."
De premiers échanges ont eu lieu avec les communautés locales, et la société d'État compte poursuivre le dialogue, affirme le porte-parole. "Ces échanges-là vont se poursuivre."
Une idée qui date de 2009
L'idée d'exploiter le potentiel hydroélectrique de la rivière du Petit Mécatina avait été évoquée une première fois par le premier ministre libéral Jean Charest en 2009. L'hypothèse retenue prévoyait deux centrales (Petit-Mécatina-3 et Petit-Mécatina-4) pour un total de 1200 mégawatts (MW). "Le projet qui a été présenté dans les années 2000, ça ne veut pas dire que ça serait le même aujourd'hui", répond M. Huard-Lefebvre.
Par le passé, d'autres rivières ont aussi été évoquées comme emplacements possibles, notamment la Grande rivière de la Baleine, la rivière Nottaway et la rivière Magpie. Celles-ci ne sont pas visées par l'annonce de mardi. "Ça ne veut pas dire qu'il ne pourrait jamais y avoir d'études préliminaires, précise le porte-parole. À ce stade-ci, ces rivières ne sont pas visées présentement."
L'étude préliminaire est lancée au moment où Hydro-Québec envisage la fin des surplus énergétiques vers 2027. La société d'État estime qu'il faudrait plus de 100 térawattheures (TWh) additionnels d'électricité pour répondre à la demande et atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
Le premier ministre François Legault a évoqué à plusieurs reprises la construction de nouveaux barrages pour répondre à la demande. La proposition a toutefois été critiquée par des groupes environnementaux et autochtones.
Québec doit aussi renouveler le contrat d'approvisionnement en électricité de Churchill Falls avec Terre-Neuve-et-Labrador, qui génère le tiers des bénéfices d'Hydro-Québec. Ces négociations seront déterminantes dans l'ampleur des besoins à combler.
Efficacité énergétique: en avance
Hydro-Québec a aussi indiqué, mardi, qu'elle avait l'intention de rehausser ses cibles d'efficacité énergétique. Sa cible initiale est de 8,2 TWh à l'horizon 2029. Or, la cible cumulée pour 2020-2022 a été dépassée de 20 % pour atteindre 2 TWh. Hydro-Québec va mener des consultations afin d'établir une cible plus ambitieuse.
La société se dit également en bonne voie de doubler sa capacité éolienne d'ici 2030, soit de 4000 MW à 8000 MW. Six projets de parcs éoliens ont été retenus récemment pour près de 1150 MW de puissance installée. Des appels d'offres sont en cours pour 1500 MW d'énergie éolienne.
Hydro-Québec mise aussi sur la réfection de centrales existantes pour augmenter sa capacité de production. Des travaux sont actuellement effectués dans trois centrales, ce qui permettra d'ajouter 128 MW à la puissance installée de son parc en 2028. D'ici 2035, elle vise l'ajout de 2000 MW avec ces rénovations.