L'Inde ne peut se détourner de la Russie
L'Inde perdrait au change en délaissant les armes russes
Par Maude Careau-Bélanger - L'Atelier
L'Inde perdrait au change en délaissant les armes russes, et la visite de Xi JinPing en Russie en est un présage selon un expert des relations sino-indiennes.
" On peut se demander si ça coûte quelque chose à l'Inde de se tourner vers l'Occident pour s'approvisionner militairement ", s'est questionné Serge Granger, professeur à l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke, aujourd'hui en conférence. Moscou a toujours préféré New Delhi à Pékin, mais, selon le spécialiste, la visite diplomatique du président chinois à son homologue russe pourrait amenuiser ce privilège.
M. Granger soupçonne, toutefois, que l'alliance " sans-limite " sino-russe, comme l'ont nommé Putin et Xi Jinping, n'est qu'un arrangement de circonstance. D'après lui, les deux puissances se méfient toujours l'une de l'autre.
Prisonnière
" L'Inde a longtemps été prisonnière de ses achats militaires avec la Russie ", a rappelé le professeur. Depuis son indépendance en 1947, les armes du pays proviennent majoritairement de son voisin du Nord. Malgré une diversification des fournisseurs, encore 58% de l'arsenal indien arrive de Russie. Ainsi dépendante, l'Inde est parmi l'une des six nations à ne pas sanctionner l'État envahisseur dans la guerre en Ukraine.
Aux yeux de M. Granger, si New Delhi s'abstient de se positionner c'est d'abord à cause de cette dépendance militaire, mais aussi en raison des importations de pétrole. Depuis, l'invasion en Ukraine, l'État indien profite des tarifs à rabais sur le pétrole russe. Il en est récemment devenu le premier importateur.
Le conférencier en est venu à la conclusion que l'Inde ne peut tourner le dos à la Russie sans miner ses capacités militaires et ses approvisionnements pétroliers.